Charlie M. Gallaway & Roxie Miller

Mon oncle Elliot est décédé le mois dernier dans l'exercice de ses fonctions et mon père n'a pas vraiment l'air de prendre le dessus. C'est un peu tôt me direz-vous mais le fait de le voir si mal, me blesse beaucoup. S'il n'avait pas autant de responsabilités pour l'université qui le subventionne, je crois qu'il passerait ses journées à dormir sur le canapé. Comme c'est le cas depuis le début du weekend. On est dimanche après-midi et il n'a toujours pas bouger du sofa. Peut-être en a-t-il besoin après tout ? Je ne sais pas vraiment ce que c'est de perdre un proche... Enfin si, j'adorais mon oncle, il me manquera énormément mais ce n'est pas comme si j'étais complice avec lui. Je veux dire, comme peut l'être deux frères vous voyez ??

Et ma tante dans tout ça, alors ? Et bien en fait je sais qu'elle ne le vit pas très bien non plus. J'ai entendu papa discuter avec elle au téléphone la semaine dernière. Quant à moi, c'est silence radio. Je ne sais pas quoi faire pour alléger sa peine ne serait-ce qu'un tout petit peu. Malheureusement, rien n'y fera. Tante Roxie vit à même pas cinq kilomètres de la maison et la dernière fois qu'elle m'a vue, c'est aux obsèques de son époux. C'est terrible n'est-ce pas ? Alors si vous voulez tout savoir, je m'en veux beaucoup. Après le... départ de William, elle était là pour moi, elle m'a soutenue, m'a promis que tout irait bien, que tout allait finir par s'arranger et qu'une fois que je serais prête à être maman, ce sera avec un type bien et tout ça quoi !! Je crois qu'elle n'avait pas vraiment compris. Ce n'est pas d'un autre enfant que j'ai besoin, c'est de William. Mais comment lui dire qu'il est le fruit d'un viol ? Que je n'aurais sans doute pas pu le regarder avec les yeux d'une mère... ? C'est effrayant !

Cette fois, c'est décidé, il faut que je passe voir ma tante chez elle. A la volée, j'attrape mon sac que je coince à mon épaule et réprimande papa par la même occasion. Qu'il se change les idées... "Va au ciné...au théâtre... N'importe quoi tant que tu te lèves de ce sofa ! " Lui ai-je dit avant de quitter la maison. J'arrive donc rapidement devant l'immeuble où elle habite et prends l'ascenseur jusqu'à son étage. Je frappe à la porte et attends qu'on m'ouvre...

Un mois que c'est l'enfer... Un mois qu'elle ne mange presque plus... Roxie n'arrivait pas à s'en remettre. Il allait falloir du temps! Certes un mois à peine de deuil ce n'était pas assez, tout le monde le savait. Mais dans sa tête, elle avait l'impression qu'elle ne surmonterait pas cette épreuve. Pourtant, elle était entourée. Elle avait des amis, des collègues, de la famille... Mais elle ne les laissait faire. La blondinette s'était terrée dans son mal être, si fort que maintenant, elle avait cette carapace assez dure à percer...

Il devait être à peu près midi quand elle était sortie de son lit. Elle n'était toujours pas allée faire de courses et le frigo était quasi vide. Il y restait peut-être juste un ou deux trucs à boire mais aucune nourriture. Roxie passa sous la douche et après s'être sèchée, elle passa un survet. Elle ne bossait pas donc elle se fouttait de sa présentation. Elle alluma son téléphone et évidement, il se mit à sonner. C'était encore des messages de courage ou des proposition pour se changer les idées. Elle le laissa sur la table et alla s'installer dans son canapé pour commencer à lire le bouquin préféré de son mari. Elle lut quelques pages jusqu'à ce qu'on frappe à sa porte. Pas très motivée, Roxie se leva et alla ouvrir. Elle fut assez étonnée de voir sa nièce devant sa porte. Ca faisait depuis les funérailles d'Elliot qu'elle ne l'avait pas vue. Elle l'avait eut au téléphone, mais pas devant elle. Sa présence, ce n'était peut-être pas une bonne idée.

Les traits tirés, elle lui fit un petit sourire très retenu et se recula pour la laisser entrer.

- Salut ma belle! Comment tu vas?