Il y avait des jours où Grace se sentait en pleine forme, prête à aller faire un marathon, et des jours où c’était tout le contraire. Aujourd’hui, elle était dans un jour entre les deux. Disons qu’elle ne se sentait pas dans son assiette, mais qu’elle avait tout de même plus de forces que d’habitudes. La jeune femme était tranquillement assise dans le canapé du salon, en train de lire un bouquin, comme à son habitude, pour se changer un peu les idées, et découvrir la vie des personnages du roman qu’elle lisait, ce qui la changeait bien de son quotidien. Vivre la vie de quelqu’un d’autre. Dis comme ça, c’était très indiscret, mais cela permettait pourtant à tous les lecteurs de faire une petite pause, et de mettre leur vraie vie de côté, pour s’imaginer en train de vivre celle d’un autre. C’était l’un des aspects qu’elle appréciait dans la littérature, mais celui qui primait était sans conteste la juxtaposition de petits mots qui racontait une histoire, décrivait des sentiments à la perfection alors que ce définir un sentiment n’est vraiment pas une mince affaire, loin de là même. Décrire avec autant de précision quelque chose de subjectif, qui n’est pas concret, ce n’est vraiment pas évident, et elle ne pouvait s’empêcher d’admirer les auteurs qui y arrivaient avec tant de précision et d’exactitude. Grace avait déjà pensé à écrire un livre, ce n’était pas l’imagination qui lui manquait, et quand bien même, elle n’avait qu’à s’inspirer un peu de sa propre vie et le tour serait joué. Non, le problème qu’elle rencontrait dès qu’elle essayait d’écrire ne serait-ce qu’une phrase, c’était la description des sentiments que ses personnages ressentaient. Après tout, essayer de retranscrire par écrit des images claires dans son esprit à d’autres n’était vraiment pas une tache facile. C’est face à cette difficulté qu’elle renonçait à chaque fois. Bien sûr, personne n’était au courant de son entreprise apparemment vouée à l’échec parce que la jeune femme savait très bien que son mari ainsi que ses enfants l’encourageraient à continuer et à ne pas baisser les bras. Mais, il fallait se rendre à l’évidence, l’écriture n’était peut-être pas faite pour elle. De toute façon, Grace avait déjà du mal à jongler entre sa vie de famille et de la maison, la gestion de sa librairie, et le temps de repos imposé à cause de son cancer, alors ce n’était pas le moment d’ajouter une nouvelle tâche à la liste. D’autant plus que le traitement qui s’ensuivrait allait lui prendre suffisamment de temps. D’ailleurs il faudrait qu’elle songe à en parler à son fils. C’était décidé, ce soir, elle discuterait avec son mari afin de savoir comment ils allaient s’y prendre pour l’annoncer à Cameron.

C’est la voix du petit garçon qui la fit sortir de sa lecture et de ses pensées. Dès qu’elle l’entendait, elle ne pouvait s’empêcher de sourire, pensant au miracle qu’il était, et à l’immense joie qu’il avait procuré au couple lors de sa naissance. Comme à son habitude, Cameron venait d’appeler sa mère pour qu’elle regarde son travail. Elle qui s’était attendue à passer des heures à faire ses devoirs avec lui et à lui expliquer tel ou tel raisonnement comme ça avait été le cas avec Lachlan ou Ava notamment (Zayne refusant à l’époque tout aide de sa part), elle avait été surprise de voir la débrouillardise du petit garçon, ainsi que sa motivation à travailler. Grace se leva donc du canapé, refermant soigneusement son livre en veillant à y insérer un marque page pour ne pas perdre le fil de sa lecture la prochaine fois, et se dirigea vers la cuisine, d’où provenait la voix de son fils. Lorsqu’elle le vit déjà installé, cahiers ouverts, en train de déguster des bonbons, la jeune femme ne pu s’empêcher de sourire une nouvelle fois.

GRACE ▬ Mon chéri, n’abuse pas des bonbons hein, c’est pas tip top à cette heure de la journée tu sais.

Même si au fond, elle savait que ce n’était pas raisonnable de le laisse manger des bonbons à cette heure de la journée, elle ne pouvait pas le gronder pour ça. Il faut dire que Grace avait bien du mal à sévir lorsqu’elle voyait sa petite bouille d’ange. La jeune femme s’installa à côté de son fils et commença à étudier ses devoirs lorsqu’il lui parla d’un nouveau club à l’école. Il adorait toucher à tout, en quelques sortes, un peu comme elle. Après tout, c’était toujours mieux de découvrir différents horizons pour plus tard, par exemple, choisir sa voie, ou tout simplement pour vivre de différentes expériences de vie. Après le basket et le théâtre, le petit garçon voulait participer à la chorale. Grace n’y voyait bien sûr pas d’inconvénient, elle avait au contraire tendance à l’encourager dans ses démarches. Mais le problème, enfin la condition plutôt, était de savoir s’il allait pouvoir gérer tout ces clubs et continuer à bien travailler à l’école. Avec un peu de chances les heures allaient coïncider et le petit garçon pourrait participer pleinement à la vie active de son école.

GRACE ▬ Encore un club ? Et bien dis donc, rien ne t’arrêteras toi. En ce qui me concerne, je n’y vois aucun problème. J’en parlerais à ton père plus tard, et on verra, mais avant cela, il faut que tu me dises honnêtement si tu penses pouvoir gérer les trois clubs, tout en continuant à avoir de bonnes notes à l’école, dit-elle un sourire sur les lèvres.

Bien sûr qu’il pouvait, elle le savait. En ce qui concernait ses notes, elle n’avait aucun besoin de s’inquiéter. Etudier était une chose qu’il aimait faire, en tout cas pour l’instant. Il est probable qu’à l’âge d’Ava, par exemple, les choses commenceraient à changer, et les notes de Cameron chuteraient, mais c’était encore bien loin. Grace posa les yeux sur le mot en question, et remarqua que les heures était différentes de celles des autres clubs. Tant mieux, Cameron pourrait donc participer à la chorale de l’école, si bien sûr, son père n’y voyait pas d’inconvénient. Mais à coup sûr, il serait d’accord. Cameron lui parla alors d’un concert organisé par la chorale si les enfants s’investissaient vraiment. Quelle bonne idée ! Ce serait génial que toute la famille assiste à cet évènement.

GRACE ▬ Je trouve que c’est une très bonne idée, fais moi penser à féliciter ta maitresse d’école quand je la reverrais. Bien sûr qu’on viendra tous, et tu peux être sûr qu’on filmera tout, si c’est permis bien sûr.

Grace était tellement fière de son fils qu’elle ne manquait pas une occasion de filmer ses prouesses, que ce soit sur un terrain de basket, sur scène, ou autre d’ailleurs. Et puis, cela leur ferrait des souvenirs pour plus tard, ce n’était pas plus mal. Elle s’imaginait déjà dans quelques années, lorsqu’il aurait grandit, regardant ces souvenirs en famille. Mais ses rêveries coupèrent court lorsque son fils lui annonça qu’il allait devoir aller à la piscine avec l’école. Elle repensa immédiatement au jour où Cameron avait bu la tasse dans son bain, et ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable à propos de cet évènement. C’était ça être mère, se sentir coupable et continuer à se reprocher, années après années, un manque de vigilance, une petite seconde d’inattention, et comprendre qu’un accident était si vite arrivé.

GRACE ▬ Ce qu’on pourra faire avant que tu y ailles avec l’école, c’est d’y aller ensemble toi et moi, et puis avec des brassards rien ne pourra t’arriver. Ou quand tu seras prêt, on pourra aussi aller voir tes frères sur la plage en train de surfer. Tu sais qu’ils adorent ça. Ca pourrait être un moyen pour que tu surpasses ta peur. Et quand tu y seras arrivé, je suis sûre qu’ils seront d’accord pour t’apprendre à surfer.

En tout cas, elle l’espérait. Avec Lachlan, il n’y avait aucun problème. Grace savait très bien qu’il se montrerait plus que partant pour ça. Mais le problème était Zayne. Cameron et lui n’étaient pas très proches, et cela se ressentait, mais avec un peu de chance, l’ainé accepterait, car après tout, il aimait son frère.

GRACE ▬ Et si tu n’es pas encore prêt à temps, j’irais parler à ta maitresse d’école, je suis sûre qu’elle comprendra. Après tout, il faut du temps pour vaincre ses peurs. Tu sais quelle était la mienne ?

Grace était toujours stupéfaite par la détermination de son petit garçon. Elle qui déjà ne pensait pas avoir d’enfant fut bien surprise lorsqu’elle apprit sa grossesse. En plus de ce miracle, Cameron était un enfant qui avait envie d’apprendre, il était curieux et s’intéressait à beaucoup de chose, ce dont sa mère ne s’était pas vraiment attendue pour être franche. Grace était vraiment fière de son fils, mais peut-être qu’elle ne lui montrait pas assez ? Depuis que son fils avait bu la tasse dans la baignoire, alors qu’il était sous surveillance, elle avait tendance à se reprocher certaine chose, à croire qu’elle n’était pas une si bonne mère que ça, et le comportement de Zayne et d’Ava ne l’aidait pas vraiment à sortir cette idée de sa tête. Lachlan et Cameron étaient des enfants exemplaires, qui ne posaient pas de problèmes, mais Grace avait du mal à comprendre pourquoi deux de ses enfants lui donnaient si peu de respect par moment, bien qu’Ava lui en offrait tout de même plus que l’ainé de la famille, tandis que les deux autres étaient très complices avec elle. Pourtant, elle faisait de son mieux. Grace est une femme sensible qui a parfois du mal à encaisser les coups, mais qui plus est se torture souvent l’esprit lorsqu’elle ne comprend pas quelque chose. Oui, ses problèmes avec Zayne et Ava la tracassaient au plus haut point. Mais, comme pour équilibrer la balance, il y avait Cameron et Lachlan dont elle était très fière, ainsi que son mari. Finalement, quand elle pensait à eux trois, elle se sentait déjà mieux. Bref. La jeune femme avait donc abandonné sa lecture lorsque le petit dernier l’avait appelé pour qu’elle regarde son travail. A six ans passé, il était déjà bien autonome et n’avait besoin d’aucune aide, ou très rarement, pour faire ses devoirs, ce qui ne manquait jamais d’impressionner sa mère. Il était également très intelligent, et avait d’ailleurs sauté une classe, ce qui la rendait encore plus fière de lui. L’enfant prodige, en quelque sorte.

Assise devant la table de la cuisine, Grace étudiait donc les devoirs de son fils, les vérifiant. Epatant, oui, il l’était ! Lorsqu’elle le vit en compagnie de bonbons, elle sourit. Les bonbons représentaient donc la petite addiction de son fils, comme pour pas mal d’enfants cela dit, et tout le monde sait que lorsqu’ils commencent à en manger, ils ont du mal à s’arrêter. Or, les bonbons ne sont la bienvenue qu’en petites quantités. Chaque fois qu’elle le voyait en manger, elle avait tendance à lui rappeler qu’il n’était pas bon d’en manger de trop. Lorsqu’elle vit son fils écarter les bonbons restants, elle ne put s’empêcher de rire devant une telle obéissance. Cela lui faisait vraiment du bien de rire. C’était une façon de décompresser de tout ce qui lui trottait dans la tête, en l’occurrence les problèmes avec certains enfants, et sa maladie, par exemple. Cam’ était un petit garçon adorable et plein de bonne volonté, même si bien sûr, comme n’importe quel enfant, il avait son petit caractère. Cela dit, il ne posait pas (encore en tout cas) vraiment de problèmes. En parlant de bonne volonté, le petit garçon venait d’annoncer à sa maman qu’il tenait à participer à un nouveau club à l’école, à savoir la chorale. Son petit côté touche à tout, il l’avait bel et bien hérité de sa mère, aucun doute là-dessus. Grace tenait à ce qu’il évalue le pour et le contre face à cette nouvelle activité, à ce qu’il réfléchisse lui-même s’il se sentait capable d’y participer, sans pour autant délaisser un de ses autres club, ainsi que ses devoirs, même si de ce côté-là, elle savait pertinemment qu’elle n’avait strictement rien à craindre. Devant l’attitude très sérieuse de son fils qui réfléchissait à la question, Grace esquissa un nouveau sourire. Elle avait l’impression qu’en passant plus de temps avec sa famille, avec les gens qu’elle aimait, elle se sentait plus forte face à la maladie. Mais il fallait encore qu’elle l’annonce à Cameron, les autres enfants étant au courant. Cela avait été plus simple face à eux, puisqu’ils sont en âge de comprendre, tandis qu’avec Cam’ elle redoutait ce moment et avait recherché à le repousser au maximum. Le petit discours qu’il lui donna, fit agrandir le sourire sur le visage de sa mère. Oui, il était déjà bien mature pour son âge et responsable.

GRACE ▬ Si tu t’en sens capable bonhomme, je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas t’y inscrire. J’en parlais donc à ton père ce soir, mais quelque chose me dit que d’ici quelques mois, nous serrons tous réunis, caméscope en main, pour t’écouter chanter avec tes camarades, dit-elle en lui faisant un clin d’œil.

Grace était persuadée que son mari n’y verrait aucune objection, après tout, lui aussi aimait le fait que Cam’ s’impliquait. Et quand il le faisait, ce n’était pas à moitié, il n’y avait qu’à voir ses devoirs. Tandis que les adolescents n’aimaient pas vraiment s’avancer pour leurs devoirs, et les faisaient au dernier moment, lui c’était le contraire. C’était plaisant à voir d’ailleurs.

GRACE ▬ Je suis sûre qu’il sera ravi de venir.

En tout cas, elle l’espérait. C’est vrai qu’ils n’étaient pas très proches, et cela la pesait, mais peut-être était-ce du aux, environ, quatorze années de décalage. Grace se jura à ce moment là qu’elle irait parler à Zayne prochainement à ce propos. Sans doute devrait-elle emmener avec elle un drapeau blanc, en signe de paix, car leur relation n’était pas vraiment au beau fixe, comme on dit. Et puis, elle lui parlerait de la chorale, et de cette future probable représentation, et du fait que ce serait vraiment bien s’il venait lui aussi, histoire de passer une petite journée en famille. À cette pensée, elle ne put s’empêcher de soupirer, ne comprenant pas vraiment pourquoi l’ainé la détestait autant. La discussion risquait de mal tourner, elle le savait, et c’est pour cette raison qu’elle appréhendait déjà ce moment. Peut-être que dans quelques années, Cam’ aurait surmonté sa peur de l’eau, et que l’ainé des fils Brown lui apprendrait à faire du surf, et qu’ils passeraient plus de temps ensemble, en espérant qu’il ne le rende pas comme lui. Grace s’imagina tout à coup Cameron plus âgé, en train de (trop) faire la fête, et de draguer tout ce qui bouge. Elle pria intérieurement pour que le petit garçon ne suive pas l’exemple de Zayne. En parlant d’eau, Cam’ fit part à sa mère du projet de sa maitresse qui était d’emmener les enfants à la piscine cette année. L’année dernière, il avait eu de la chance, mais cette année, il allait devoir affronter sa peau de l’eau. Grace lui avait alors proposé qu’ils aillent à la piscine rien que tout les deux, pour l’habituer à l’eau, ainsi que l’hypothèse de faire du surf plus tard, ce qu’il n’appréciait pas vraiment comme idée.

GRACE ▬ Bon j’avoue que pour le surf j’y suis allée un peu fort, mais, tu sais, on pourrait quand même aller à la plage un de ces quatre, pour regarder tes frères en faire, ou tout simplement pour regarder les autres nager.

La jeune femme pensait qu’en regardant d’autres enfants s’amuser dans l’eau, Cameron ressentirait, lui aussi l’envie d’aller jouer, et se rendrai compte qu’en faisant attention, il ne risquait rien. Mais comme il ne savait pas encore nager, c’était un peu précipiter les choses. Déjà, ils iraient à la piscine tout les deux, et il porterait des bouées. Il fallait y aller petit à petit, elle en était conscience. Grace avait également dit qu’au pire des cas, s’il ne se sentait pas prêt à affronter se peur, elle pourrait en parler à sa maitresse qui comprendrais surement la situation et le dispenserais donc de cette activité, où lui apprendrait à son rythme, ce à quoi le petit garçon protesta. D’après ses dires, il se sentirait honteux face aux autres, mais il était fort probable qu’aucun des autres enfants aient vécu ce que lui il avait vécu.

GRACE ▬ Bon d’accord, je ne dirais rien à ta maitresse. Promis, juré ! dit-elle en faisant mine de fermer une fermeture éclair ou niveau de sa bouche.

Pour le rendre un peu moins mal à l’aise quant à l’évocation de sa peur, Grace avait décidé de lui parler de sa propre peur, et de la façon dont elle l’avait surmonté lorsqu’elle était plus jeune, même si en l’occurrence, elle n’y était pas franchement allée petit à petit. Elle aurait d’ailleurs préféré, mais elle n’avait pas eu le choix. Elle avait été confrontée à sa peur et avait du la surmonter rapidement. C’était un peu comme enlever un pansement, elle avait du le faire vite. Cam’ s’était levé et dirigé vers elle, et Grace venait de le porter jusqu’à ses genoux, ayant prié pour qu’elle y arrive tout de suite, histoire de ne pas avoir à expliquer tout de suite à son fils pourquoi elle n’avait pas de force, et par chance, elle n’eut pas trop de mal à le hisser jusqu’à ses genoux.

GRACE ▬ Et bien… Je devais avoir ton âge à l’époque, et j’avais une peur bleue des araignées. Beurk ! Rien qu’en imaginant l’une d’elle, avec toutes ces pattes, et ces poils, ça me donne la chair de poule. Bref. Ce jour-là, j’étais rentrée de l’école, et ma maman s’était endormie sur le canapé. J’étais dans ma chambre en train de lire, lorsque j’ai entendu des petits bruits.

Elle s’arrêta et imita les bruits de pas de l’araignée sur la table. On aurait pu avoir l’impression qu’elle lui racontait une histoire totalement inventée, mais ce n’était pas le cas. Observant son fils, elle continua alors son récit.

GRACE ▬ À ce moment là, j’ai regardé un peu partout dans ma chambre, jusqu’à ce que je me rende compte, qu’une araignée marchait tranquillement sur l’un de mes posters accroché au mur. J’aurais voulu hurler, mais je n’y arrivais pas, les mots restaient coincés dans ma gorge. Je voulais descendre et réveiller ma maman pour qu’elle m’aide, mais le poster en question, et donc l’araignée, était juste à côté de la porte. J’avais trop peur pour passer à côté d’elle. J’ai du rester une bonne demie heure sur mon lit, à fixer cette araignée, et en espérant que ma mère monte. Jusqu’au moment où j’en avais marre d’attendre. J’ai pris une de mes chaussures qui trainait, je me suis approchée lentement du poster, j’observais l’araignée… et j’ai laissé tomber ma chaussure, je suis allée chercher un cahier, et j’ai essayé de la faire monter dessus. Une fois que c’était fait, je suis sortie de ma chambre, et de la maison, et j’ai posé le cahier dans l’herbe. L’araignée est tout de suite descendue. Et voilà. Je peux te dire que maintenant, quand je vois une araignée, je n’ai plus peur. Je suis juste un peu dégoutée en la regardant, parce que je trouve ça très moche, mais je n’ai plus peur.

Cette expérience avait été radicale pour elle. Durant un temps, elle avait même cherché sur internet plusieurs photos d’araignées, en espérant qu’elle ne serait plus dégoutée par leur apparence non plus, mais ça, c’était impossible. Finalement, elle avait été très fière d’elle à l’époque. D’abord d’avoir affronté sa plus grande peur, et ensuite d’avoir régler le problème seule et d’avoir sauvé la vie de cette araignée, car elle savait que si sa mère s’en était occupée, elle aurait décapitée cette pauvre bête.