« EMILY ! SI JE ME LÈVE, ÇA SERA PAS POUR RIEN ! »

Emma bouillonnait. Le regard fixé sur l’écran de son ordinateur portable, les yeux rougit par son acharnement à vouloir terminer ses devoirs avant le week-end. Il était pourtant près de 19h00 et, d’ordinaire, Abigaïl et toute la petite famille était déjà rentrée mais, malheureusement pour la jolie Emma, pas aujourd’hui, pas ce soir. Dans sa chambre, sa respiration s’accéléra et les coups de pieds donnés par sa petite sœur dans le mur de la chambre d’à côté s’intensifièrent ;

Avec Emily, tout se passait toujours mal. Emma y mettait du sien, pourtant. Toutefois, elle devait admettre que jouer avec des plus jeune que son âge l’ennuyait profondément et que cela soit avec Chloé, Emily et les autres ; elle avait 17 ans. Un âge où l’on a pas le temps de se préoccuper des autres appart de sa petite personne. Le souci n’était pas là, en réalité. Emma avait toujours été plutôt maternelle avec sa fratrie mais, elle avait d’autres objectifs que d’être la bonne poire qui faisait du baby-sitting alors qu’Isla flânait sur la côte en buvant du chocolat chaud saupoudrer de cannelle. De plus, ses devoirs passaient avant tout. Elle était intelligente tout le monde le savait et il s’agissait d’une chose acquise, n’empêche qu’elle devait maintenir le niveau si elle voulait passer plus de temps à danser et échafauder des projets d’exile aux États-Unis où elle n’aurait plus à crier comme une damnée pour se faire respecter. La blondinette cligna des yeux quand le calme se fit soudain entendre et un léger sourire se dessinant sur son visage quand elle entreprit de terminer sa dernière équation qui n’était pas particulièrement difficile. Tout était mieux quand tout était calme et, fière d’avoir montré autant d’autorité en menaçant son imbécile de petite sœur, elle étouffa un léger qui très vite laissa place à un grognement excédé quand les coups de pieds repartirent de plus belle. Ne pouvant plus répondre de sa personne, son seuil de tolérance étant au maximum, la jeune fille se leva avec fureur et sortie de sa chambre pour rejoindre celle d’Emily qui s’en donnait à cœur joie ;

Emma n’était pas du genre violente. Elle n’avait jamais frappée quelqu’un - du moins autrement que pour plaisanter et refusait toujours à le faire, estimant que la violence ne résoudrait rien et ne forçait que l’autre à se révolter davantage. Aussi, sur ce coup, elle était bien prête à coller une raclée à Emily et même à l’enfermer dans le grenier avec les araignées et la souris qui grattait le plancher usé de très bonne heure tout les matins, s’il le fallait. Ses lunettes de lecture glissant sur son nez somme toute parfait, l’adolescente prit une grande inspiration quand elle s’arrêta nette devant la porte close d’Emily. Sans attendre davantage, elle l’ouvrit avec vivacité et pointa son index menaçant vers la petite alors que les quelques cheveux sortant de sa natte négligée virevoltaient autours de son visage cramoisi. D’un ton excédé, elle lança :

« T’arrêtes ! Sinon c’est le mieux de pied que tu vas recevoir où tu sais ! »

La fixant d’un air autoritaire, la blondinette serra la mâchoire comme elle le pu et haussa les sourcils pour se donner plus de présence et même pour effrayer sa petite sœur. Ce qui, elle le savait, n’était pas gagné mais, Emma ne faisait pas partie de celle qui abandonnent facilement. Restant là à pointer sa sœur du doigt, l’adolescente la toisa avec arrogance et remonta ses lunettes d’un froncement de nez, prête à l’assaut si jamais Emily se mettait à rencogner ses tout petits pieds contre l’immense mur peint en rose bonbon.