Alex n'avait rien écouté à ce qu'on lui avait dit, il était perdu après cette nouvelle amnésie. Il voulait voir sa femme, ses enfants, il voulait sa famille comme prévu avant l'opération. Assis à côté de l'école, à bout de force, il se disait qu'à attendre ici, elle finirait par venir. Ce moment arriva plus tôt que prévu et il fut surprit.

« Tu étais partie quand je me suis réveillé pourtant tu m'avais promis d'être là. Alors j'ai demandé pourquoi et ils m'ont raconté. Je suis désolé. Je me souviens de rien. »

Il baissa les yeux et voulut se les frotter parce qu'il y sentait des larmes, mais son bras l'arrêta. Il grimaça et leva l'autre bras. Il était tellement affaibli qu'il ne chercha pas longtemps à cacher son malheur.

« Je vous ai encore menacé et j'ai encore tout oublié. Je ne sais pas pourquoi ça fait ça. Je ne comprends pas ! Je me suis laissé opérer alors pourquoi je suis toujours malade ? »

Le papa finit par craquer et quelques larmes dévalèrent ses joues. Il était dépassé par ce qui lui arrivait. Par ses pertes de mémoires et ses crises de colère.

« Tu vas me ramener à l'hôpital c'est ça ? »

Alex fut déçue lorsqu'elle avoua qu'il allait retourner à l'hôpital. Il n'en avait pas envie, mais apparemment il n'avait pas le choix. Il était bloqué... Alors il n'avait qu'à subir ce qu'on voulait pour lui. Il se fit plus fort, effaça les larmes sur son visage et se redressa.

« Tu n'es pas obligé. Reste avec les enfants, je vais rentrer seul à la base. »

Mais pas tout de suite, là il allait avoir besoin de quelques heures pour retrouver assez d'énergie pour se lever. Sa femme aurait pu l'y conduire, mais il refusait de l'avoir pour cinq minutes et de la voir disparaitre par la suite. Il était à bout. Tout le monde pouvait le voir. Ce n'était pas son psy ou les anti dépresseurs qui l'aidaient. Le seul moment où il s'était vraiment senti heureux s'était lorsqu'il avait senti sa femme l'embrasser avant son opération.

« J'ai envie d'abandonner Erin... Alors il faut que tu partes. Et que tu expliques aux enfants que ce n'est pas eux. Dis leur que je suis reparti au combat puis que j'ai retrouvé Zora. »

Alex se fit remonter les bretelles une nouvelle fois. Elle ne voulait pas l'entendre parler de choses si morbides et pourtant c'était dans sa tête. Il ne pouvait rien y faire. Alors il releva ses prunelles bleues, sans éclat, loin de l'homme heureux qu'elle avait épousé.

« J'ai déjà abandonné. »

Il avait abandonné le jour où il était retourné à la base pour y vivre, qu'il n'avait pas plus tenté de se battre pour sa famille. Il vivait pour l'armée et celle ci ne lui rendait vraiment pas bien, il avait tout donné... Et maintenant il perdait ce qu'il y avait de plus important. Sa famille. Mais en même temps, il ne se battait plus vraiment, il avait tellement perdu espoir qu'il lâchait prise.

« Je ne veux plus vivre en étant ce que je suis maintenant. Je suis une loque, l'ombre de ce que j'étais quand tu m'as épousé et tu ne m'aimes plus. Tu pars à chaque fois que ça devient difficile et ... Je t'ai trop fait souffrir pendant ces années. Tu as le droit d'avoir un mariage heureux avec quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui n'a pas foutu sa vie en l'air. Tu as le droit d'avoir des enfants. Tu es fait pour être maman... »

Il était reparti dans de l'amnésie, sauf que cette fois ce n'était pas sur du cours terme, là il ne se souvenait plus de ses enfants. Il ne savait plus qu'il était père et alors qu'ils étaient à côté d'une école, il ne faisait plus le lien. Pour lui, sa femme devait avoir des bébés avec un homme bien et le quitter. Zoé et Lucas n'était plus dans le tableau. Complètement effacé de son cerveau.

« Je suis sur qu'ils seraient parfaits avec une maman comme toi. »

« On a des enfants ? Nous deux ? Tu es sure ? »

Alex ne comprenait plus rien. Il déglutit de travers lorsqu'elle dit qu'ils avaient des enfants ensemble parce qu'un bon père s'en souviendrait et qu'il en était incapable. Il regarda vers l'école et comprit qu'elle n'était pas là pour lui à l'origine, mais qu'elle venait chercher les enfants. Leurs enfants. Des enfants qu'il n'arrivait même pas à visualiser, ni savoir leurs prénoms, leurs visages, ce qu'ils aimaient ou détestaient. Il était incapable de mettre la main sur ce souvenir là et pour la première fois, il sentit ce que c'était que de toucher le fond. Il y était. Parce qu'oublier lorsqu'il battait sa femme, c'était s'auto protéger. Oublier sa famille, c'était le début de la fin.

« Au moins ils ont la chance de t'avoir toi... Tu devrais aller les chercher et je retournerais à la base. Promis. »

Il ne promettait pas pour de vrai. S'il avait oublié ses enfants, qu'avait il oublié d'autre ? Qu'est ce qui arriverait après ? Est ce qu'il se transformait en légume ? C'était quoi son problème ? Parce qu'en revenant les médecins l'avaient qualifié de petit chanceux qui était revenu sans une égratignure. C'était pire qu'une égratignure là, il ne se souvenait de rien. Sa mémoire était une passoire !

« Je ne me souviens même pas d'eux. »

Alex regarda la photo et des larmes revinrent dans ses yeux. Il ne comprenait pas comment il pouvait les avoir oublié. Ils étaient magnifiques, c'était les siens et pourtant il n'avait aucune idée de qui ils étaient. Ils n'existaient plus pour lui.

« Je ne me souviens pas d'eux... »

Il ne demanda pas à sa femme et il alla se cacher dans son cou pour pleurer. Il avait besoin d'une épaule sur laquelle pleurer et elle était là. Il en profitait parce que ça le blessait vraiment de ne pas se souvenir de ses enfants. Entre ses sanglots des questions lui arrivèrent en tête. Des choses qu'il avait besoin de savoir.

« Ils m'aiment ? Je suis un bon papa pour eux ? Est ce que j'ai levé la main sur eux ? »

Il sortit son visage de sa cachette et la regarda sérieusement. Il voulait des réponses parce que s'il était un mauvais père, peut être que c'était mieux qu'il oublie ses enfants. Se serait plus facile pour passer à l'acte. Parce que plus la journée avançait, plus il avait envie de sauter sous un camion. Il regarda son bras et se dit que sa pouvait être sa solution aussi... On allait lui donner des cachets pour la douleur et s'il les prenait tous en même temps...

« Et Zora ? Elle est toujours avec vous ? »

Ne pas se souvenir de ses enfants, c'était horrible. Il voulait s'en souvenir parce que c'était toute sa vie avec sa femmes... Mais ses larmes prouvaient bien qu'il en était incapable. C'était sa vie qui venait de disparaitre devant lui. Mais ce fut encore pire lorsqu'elle lui avoua que Zora n'était plus de ce monde. Même s'il le sentait au plus profond de lui.

« Est ce que c'est un mauvais rêve ? »

Demanda-t-il soudainement plein d'espoir dans la voie. Peut être que s'il fermait les yeux il se réveillerait et que tout irait mieux. Alors il se mit à cligner des yeux en espérant. Ça ne changea absolument rien, mais il se retrouva juste à serrer sa femme plus fort.

« Je veux rentrer à la maison. »

Murmura-t-il en respirant dans le cou de sa belle. Il essaya d'essuyer ses larmes avant de se lever tout doucement et de tendre une main vers elle. Alex voulait à présent rentrer - il ne savait pas où - et se cacher sous les draps, dormir, oublier toutes les douleurs qu'il pouvait ressentir à ce moment.

« Un jour j'irais mieux ? »

Il lui demandait parce qu'elle avait la mémoire qu'il n'avait pas et que peut être elle en avait parlé avec un médecin. Sauf que d'un coup tout lui revint. Ce fut de trop et il eut un instant de panique.

« Pourquoi mon cerveau fait ça ??? »

Alex retrouva la mémoire d'un coup et il voulut rentrer à la maison. Voir ses enfants peut être. Se poser et essayer de réfléchir pour que tout aille mieux. Même s'il y avait peu de chance pour que ça aille mieux. Il était malade et il commençait vraiment à le comprendre. Voir la gravité des choses pour la première fois.

« Et si ça va jamais mieux ? »

Il avait peur, était inquiet parce que si ça n'allait jamais mieux, il ne pourrait plus jamais être un bon père ou un bon mari, il serait obligé de vivre seul sur la base. Fin s'il retrouvait son boulot après son petit incident et sa fugue d'un hôpital militaire.

« Tu vas me ramener à la base, ou tu veux bien que je rentre un peu à la maison. Pas longtemps, juste pour voir les enfants et passer un peu de temps avec toi... »

Erin était sa femme et elle lui manquait. C'était normal. Mais ce n'était pas tant le sexe qui lui manquait, c'était plus l'amour, la tendresse, les moments à deux... Il était amoureux d'elle et c'était toujours dur de vivre loin de la personne aimé.

« Tu me manques. »

Alex accepta d'entendre ce qu'elle lui disait depuis des semaines. Il était malade et devait se faire soigner. Mais aujourd'hui, les choses allaient un peu mieux avec sa femme et elle acceptait qu'il rentrer. C'était un grand pas en avant et il se mit à sourire. Un tout petit sourire qui traduisait bien son état d'esprit. La lueur d'espoir. Se saisissant de la main de sa belle, il retourna à la voiture. Il ouvrit la portière conducteur et hésita une seconde. Il aurait voulu conduire, mais il était plus prudent qu'elle prenne le volant alors il la laissa s'installer avant d'aller prendre sa place de l'autre côté. Son bras recommençait à le faire souffrir alors il se plaignit un peu auprès de sa rouquine avant de caler sa tête sur le siège et de fermer les yeux.

« Tu crois qu'on sera une famille normale un jour ? »

Il savait que s'il n'avait pas été militaire, rien n'aurait été pareil. Ils auraient eu une vie parfaite, comme une bonne partie des Australiens. Alex aurait bosser dans le bâtiment, vu qu'il adorait bricoler, il aurait eu son chien et aurait été un homme heureux. Barbecue tous les soirs et surtout la mer le weekend pour aller surfer.

« Je veux aller à la mer... »

il acceptait de se faire soigner, c'est un grand pas pour sa guérison. En tout cas, elle en était persuadée. Ils échangèrent un tout petit bisou de rien du tout et le voir sourire lui fit un bien fou. Elle était contente et avec lui, ils rejoignirent la voiture. Elle le laissa s'installer et elle en profita pour appeler l'école pour que les enfants restent à la garderie et prennent le bus le soir. Elle put ensuite monter en voiture et écouter son homme râler parce qu'il a mal.

_ On est une famille normale... tout le monde a ces problèmes tu sais, on est pas si différent des autres.

Après tout, derrière la porte fermée des voisins, on ignore si tout va bien. Chaque personne a ses soucis. Et honnêtement elle s'en fou, tout ce qu'elle veut c'est sauver son couple. Alors elle démarra direction la maison. Mais monsieur voulait aller à la mer.

_ On ira demain si tu veux. Les enfants seront contents et tu seras mieux reposé.

Ce n'était pas le moment d'y aller maintenant. Il vient tout juste de subir une opération et il a besoin de repos et d'anti-douleur. Tout ça, il pourra l'avoir à la maison.

Monter dans la voiture pour retourner à la maison, ça faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait. C'était un peu bizarre, mais il ne disait rien. Il faisait comme si tout allait ben même s'il était très stressé. Tellement qu'il proposa d'aller à la mer, ce que sa femme refusa. Demain peut être. L'idée lui apporta le sourire parce qu'il avait besoin de sa famille, plus qu'il ne le montrait.

« Merci. »

Murmura-t-il avant de passer sa ceinture sous son bras douloureux en grimaçant. La douleur revenait vitesse grand V et jusqu'à présent, il n'avait pas eu le temps d'y penser. Maintenant qu'il ne faisait rien, il douillait. Tellement qu'une boule se forma dans sa gorge pendant qu'il gérait les larmes qui voulaient rouler sur ses joues.

« J'ai mal. »

Et il regarda sa belle en serrant son poing. Il n'avait pas l'intention de la frapper, mais ça semblait être le seul truc qui arrivait un peu à le détourner de sa douleur. Alex ferma les yeux et écouta la radio jusqu'à la maison. Des qu'il put sortir, il se libéra de la voiture et partit vers sa maison qu'il n'avait plus vu depuis trop longtemps. Il y avait des jouets un peu partout, mais il ne dit rien et attendit sa femme.

« Tu sais que je n'ai jamais voulu vous faire du mal ? C'était la maladie... »

Alex n'était pas sur de lui dans cette maison, mais en voyant le chien, un petit sourire s'invita sur son visage. Il la siffla pour qu'elle vienne à lui et elle le fit alors il se mit à sa hauteur et lui caressa le haut du crâne. Il sentait quelque chose avec cette bête, beaucoup plus qu'avec le chien qu'il devait entrainer. C'était horrible à dire, mais il préférait clochette à l'autre... Elle lui faisait pensait à Zora.

« Coucou ma belle. »

Il l'adorait déjà. Il se rendit compte qu'il avait donné le mauvais chien à ses enfants. Pas par bêtises, il avait juste été trop aveugle pour voir l'affinité qu'il avait avec cette bête là plutôt que l'autre chien. Il n'abandonnerai pas le chien qui l'attendait à la base, il le prendrait avec lui, et il l'aimerai autant que Clochette, sauf qu'il aurait plus d'affinité avec cette dernière. Alex était tellement bien avec la chienne qu'il en oubliait la douleur. Alors assis par terre dans l'entrée, il se retrouva à faire un câlin à un chien au lieu de suivre sa femme.

« T'aimes les câlins ma belle, oh ba oui t'aimes ça... Tu veux jouer ? Va chercher ta couverture. »

L'ordre était donné et la bête partit en trottinant pour aller chercher la couverture sur laquelle elle dormait la nuit. Elle la donna à son maître qui la couvrit avec. La chienne fit des petits bonds dans tous les sens en essayant de se sortir de là et finit victorieuse devant Alex.

« C'est bien ma Zora... »

Alex était content d'être à la maison, ça faisait vraiment longtemps... Mais en même temps c'était bizarre, parce que beaucoup de choses avaient changé. Notamment l'absence de Zora et une jolie chienne à la place. Une vraie petite bête adorable qui charma immédiatement le militaire. D'ailleurs, elle lui faisait tellement penser à son ancienne chienne qu'il se trompa de nom.

« Je sais... »

Il se redressa en gardant la bête près de lui. Il suivit sa femme qui lui proposait des anti douleurs et il en avait besoin car la douleur était bien présente. Mais en la voyant en sortir plusieurs, il l'arrêta et en prit juste un qu'il glissa dans sa bouche sans même prendre de l'eau.

« Merci. »

Le jeune homme s'approcha de sa compagne et passa un bras autour d'elle avant de la faire venir contre lui. Il avait besoin d'un peu de tendresse après tout ce temps loin d'elle. Surtout après leur séparation.

« Tu m'as manqué. J'aurais aimé pouvoir être le meilleur mari pour toi. »

Alex s'installa sur le comptoir de la cuisine et prit appui sur les placards derrière lui. Il était chez lui. Il pouvait se détendre et profiter un peu. Fin c'était grand dire parce qu'il avait mal. De sa faute.

« Tu vas être mon infirmière personnelle ? Je suis un chouette patient quand je suis sous l'effet d'anti douleurs. »

Alex n'avait plus l'habitude d'être chez lui et pourtant il prenait vite ses marques. Il s'était mis sur le comptoir de la cuisine et attendait en regardant sa femme. Celle ci vint entre ses jambes et il lui parla d'être son infirmière. C'était une perspective vraiment intéressante...

« Je suis moins poilu que tes patients habituels... Fin presque. »

Ces derniers temps il s'était laissé aller. Il avait un peu de barbe, les cheveux plus long, légèrement bouclé et son corps étaient recouverts de poils... Pas un singe mais presque. Il comptait bien tout enlever dès que possible, il aimait son style imberbe, jeune sexy pour sa belle. Mais une belle qu'il n'avait plus vu depuis trop longtemps.

« Je n'ai pas envie de m'allonger, je veux rester avec toi. Je peux peut être t'aider à faire le repas ? »

Il descendit de son plan de travail et entoura sa femme avec son bras valide. Il avait besoin de tendresse et du coup, il grappillait. Un câlin qui lui fit beaucoup de bien... Ou bien peut être était ce le cachet qui faisait. Trop vite, trop fort.

« Je devrais peut être aller m'allonger, ça tourne un peu... »