_ Oui, euh, attends quelle heure tu me dis ? 17h ? Oui, ça me va.
Walter tourna à gauche et grimaça en voyant le feu passer au rouge. Il ralentit, passa en seconde puis s'arrêta derrière une camionnette blanche. A Melbourne il y avait souvent du trafic et ce peut importait l'heure. Il venait de quitter l'université mais sa journée n'était pas encore terminée puisqu'il devait passer à la poste afin d'envoyer plusieurs chèques pour payer ses factures. Walter n'aimait pas spécialement aller poster des lettres surtout que là il devait en plus passer au guichet pour demander un timbre spécial, la poisse. Mais bon, Abigaïl était à la maison avec les enfants, elle était occupée et puis c'était aussi son rôle que de se rendre à la poste même si ça ne lui plaisait pas. Le feu passa de nouveau au vert et l'homme redémarra. Il tourna la tête, jeta un rapide coup d'oeil à droite et s'engouffra dans une allée, bondée, une fois encore. Au téléphone avec un de ses collègues et amis, il ajouta.
_ Hey bien tout dépend de ce qu'il compte faire. Il t'as dit qu'il souhaitais devenir juge ? Ouais ben dans ce cas là on va devoir parler de son cas. Ses notes en options ne sont pas terribles. Hum...enfin, soit il me rend un devoir supplémentaire, ce qui peut augmenter sa moyenne soit il a intérêt à cartonner à son mémoire...A moins qu'il ne se trouve une autre option. Okay, on fait comme ça. Vendredi prochain, 17h. Allez, bonne soirée. Ouais, bye.
Après avoir raccroché, il retira l'oreillette qu'il avait dans son oreille et chercha des yeux une place. Par chance une jeune femme prenait sa voiture et Walter se gara alors à sa place. Il pris ses lettres et son porte feuille puis se dirigea vers la poste. En voyant le monde qui attendait dehors, il pesta tout seul et se rendit alors à la boulangerie, à quelques pas de la poste. Il devait acheter du pain, autant qu'il le fasse tout de suite surtout qu'il n'y avait que quelques clients qui attendaient. Une fois cette petite course faite, Walter alla de nouveau à sa voiture, posa ses achats à l'arrière et souffla. Il n'avait pas le choix, il devait poster ses factures aujourd'hui. Il jeta un regard à sa montre en se demandant combien de temps ça allait lui prendre puis il rejoignit la poste. Il se mis à la fin de la file d'attente et pria pour que ça avance, et vite.

Walter aurait vraiment préféré faire autre chose que de devoir aller poster ses factures. Oui, il aurait bien aimé rentrer chez lui, passer un peu de temps avec sa femme, ses enfants également. Il aurait aussi préféré pouvoir corriger ses copies, préparer ses cours ou faire autre chose que d'aller à la poste. Mais il n'avait pas le choix, ses factures devaient être payées car il ne voulait aucun ennui. Quand il arriva devant la file d'attente, une fois qu'il eu cherché son pain, l'homme savait qu'il n'avait plus vraiment d'excuses pour faire demi tour. Alors il se dit qu'il devait prendre son mal en patience et attendre, comme tout le monde qui attendait dans la file d'ailleurs. Quelques petites minutes passèrent et Walter trouvait déjà le temps long. C'est à ce moment qu'une douce voix lui fit relever et tourner la tête. Il s'agissait de la voix de Lucy, la meilleure amie de son fils aîné. Walter la connaissait depuis des années, à dire vrai, la petite fille avait toujours été dans la classe de Neal et elle était déjà venue à de nombreuses reprises chez les Andersen. Souriant à la demoiselle, qui avait encore bien grandit et qui devenait une très jolie jeune fille, Walter répondit.
_ Lucy. Bonjour. Je vais bien et toi ?
Lucy était une personne que Walter appréciait. Il devait avouer que Neal savait se choisir ses amis et avec Lucy, Walter se disait qu'il n'y avait aucun risque que Neal tourne mal. Bon bien évidemment son fils avait aussi d'autres copains et Walter ne les appréciait pas tous. Souvent d'ailleurs il se demandait quelle influence certains de ses potes pouvaient avoir sur Neal. Il espérait du fond du coeur qu'il ne tomberait jamais sur une bande de loulou voulant se la jouer petit caïd parce que là Walter se ferait du soucis. Mais bon, Lucy ressemblait à la douceur incarnée et Walter l'appréciait. Il changea ses lettres de mains et se tourna légèrement afin de faire vraiment face à la demoiselle et continua, en voyant le colis qu'elle tenait entre ses mains.
_ Tu envoie un colis ? Oh Lucy, s'il est pour moi tu sais très bien que tu pouvais venir sonner à la maison, hum ?
Monsieur Andersen lui fit un léger clin d'oeil. Il plaisantait bien évidemment.
_ Alors ta journée ? Ca été le collège avec Neal ?
Il ne voulait pas se montrer indiscret mais c'était une manière de poursuivre la conversation. Il avait vu Lucy grandir en quelque sorte et de temps en temps il trouvait qu'elle n'allait pas si bien que ça. Walter en avait touché un mot à Abigaïl mais jamais ils n'en avaient discuté avec Lucy, Walter ne savait pas trop comment faire car il n'était pas spécialement un bon pédagogue et ne voulait pas la faire fuir.