C'était Mardi et comme tous les Mardi soirs elle avait des mathématiques à faire. Si cela pouvait être un problème pour certain, cela ne l'était pas du tout pour Chloé. Toutes fois avant de se mettre à ces leçons, elle avait prit un bon goûter en compagnie de toute sa petite famille. Elle avait ensuite prit l'initiative de tout ranger pour que sa maman puisse aller aider les autres dans leurs devoirs. Elle, elle n'avait pas besoin d'aide, elle pourrait donc travailler un peu après les autres. Elle se servit un verre d'eau bien fraîche et le monta avec elle dans sa chambre. Elle le posa doucement sur son bureau, attrapa son sac d'école et en sortit son cahier de math. Elle ne se rendit toutefois pas compte qu'une autre feuille de papier en était tomber pour se poser sur le sol. Si elle l'avait vu, elle se serait pourtant empresser de la ranger. Cette feuille ce serait des ennuis pour tout le monde et elle ne voulait pas que ces parents la voit.

C'était la proposition de réunion que sa maîtresse lui avait remise la semaine précédente. Elle avait eu le malheur de s'endormir en classe. Ce n'était vraiment pas dans les habitudes de la petite qui était une élève très assidue. Pourtant elle c'était endormie et ces notes étaient en baisse. Tout ça avait débuté depuis l'accident de Maya. C'était douloureux pour Chloé de voir sa petite soeur en fauteuil roulant et souffrir de ne plus pouvoir jouer au Rugby. Elle blâmait son père pour ça, sans jamais ne le faire savoir, et s'en voulait de ressentir ça pour lui. Si bien qu'il n'était pas si rare que la petite passe des nuits blanches, incapable de trouver le sommeil tant son cerveau restait actif à réfléchir à tout ça. Ce disant aussi que si elle avait fait attention, si elle était un peu plus proche de sa petite soeur, peut être elle aurait pu la voir partir et empêcher ça. Sauf qu'à force de ne pas dormir beaucoup, elle finissait par s'endormir en classe.

Ne ce préoccupant donc pas du papier, elle ouvrit son cahier de math à la page où était noté son exercice. Elle attrapa un crayon et commença à remplir les trous, faisant tous ces calculs de tête. Elle n'avait jamais pris une calculatrice comme pouvait le faire certaines de ces camarades. Non, elle elle voulait s'entraîner à calculer de tête. Elle attrapa son verre d'eau et en but une grande gorgée. Il fallait qu'elle se rafraîchisse un peu pour ne pas s'endormir sur son exercice. Il y avait eu sport à l'école aujourd'hui et cela l'avait bien fatiguée. Elle se frotta rapidement les yeux et se reconcentra sur son exercice. Il n'était pas bien difficile, mais elle avait un peu de mal à ce concentrer. Alors qu'elle voulu prendre une autre gorgée d'eau, elle fut maladroite et renversa le verre dont le liquide se répandit sur le bureau et sur son cahier de math.

«Et mince!»

Ne perdant pas son sang froid elle se précipita dans la salle de bain pour aller chercher une serviette et retourna rapidement dans sa chambre pour éponjer et nettoyer ces bêtises. Priant pour que son père ne débarque pas à ce moment.

Chloé avait malencontreusement renversé le verre d'eau qu'elle c'était servit sur son cahier de math. Elle savait qu'il ne fallait pas manger ou boire pendant les devoirs, et elle n'était pas du genre à désobéir. Mais elle avait pensé que cela ne poserait pas de problème. Surtout que ce n'était que de l'eau. Ca colle pas l'eau et en plus c'est bon pour la santé. Elle avait appris ça en classe. Sauf qu'elle avait été maladroite et qu'elle avait tout renversé sur son cahier de math. Heureusement elle réfléchissait très vite et c'était précipité pour aller chercher de quoi nettoyer. Elle ne remarqua pas que sa maman l'avait vu rentrer à toute vitesse dans sa chambre. Elle s'activa donc à nettoyer au mieux. Elle remis le verre dans la bonne position et épongea l'eau avec la serviette. Elle sursauta toute fois en entendant la voix de sa mère lui demandant ce qu'elle fabriquait. Elle manqua de lâcher la serviette mais se ressaisit. Sans s'arrêter dans sa tâche elle jeta un léger coup d'oeil à Abi.

«C'est rien maman, t'inquiète je m'en occupe. Tu peux retourner aider les autres.»

Elle aurait pourtant bien aimer que sa maman passe un peu de temps avec elle. Elle n'avait certes pas besoin d'aide pour ces devoirs et les faisait bien volontiers, cela ne voulait pas dire qu'elle n'aimait pas que sa mère prenne le temps de vérifier si c'était tout bien fait. Mais depuis l'accident de Maya, Abi était très occupée avec sa petite soeur et Chloé se permettait moins de demander de l'aide. Tournant toujours le dos à Abi, elle ne se rendit pas compte que sa mère était tomber sur la maudite feuille. Sinon elle lui aurait certainement arracher des mains avant même qu'elle n'est pu en lire une phrase. Elle entendit toutefois sa mère lui demander pourquoi elle ne lui avait pas donner ça avant. Il n'y avait absolument aucun doute sur le "ça". Chloé s'arrêta donc d'éponger l'eau et se retourna doucement vers sa mère.

« Heu... J'ai du oublier...»

Chloé n'était pourtant pas du genre à oublier les choses. Surtout pas quand cela concernait l'école. Elle n'avait jamais oublié de faire signer un devoir ou un carnet de note. A vrai dire elle était même plutôt ravis de le faire en règle générale.

«Mais c'est rien, c'est pas obliger tu sais. Pis on s'en fiche, va t'occuper de Maya ou aider Emilie c'est plus important.»

Elle voulait se débarrasser de sa mère. L'envoyer s'occuper des autres enfants pour qu'elle oublie ce mot de la maîtresse. Elle ne voulait pas que sa mère se fasse du soucis plus qu'elle ne s'en faisait déjà avec Maya.

L'eau c'est bien, mais ça se faufile partout. Chloé venait d'en faire les frais. Elle souffla légèrement en voyant l'étendu des dégas. Elle avait éponger tout ce qu'il y avait sur le bureau et sur le sol. Mais le cahier de math devait sécher tout seul. Si elle passait la serviette dessus, l'encre s'étalerait et le cahier serait encore plus illisible qu'il n'allait l'être déjà. Le sèche cheveux? Ah oui c'était une idée ça. Mais elle verrait ça plus tard. A vrai dire, le cahier de math lui était sortit très rapidement de la tête lorsque sa mère avait parler du fameux papier.

Elle avait essayer de faire partir Abi en prétextant que ce n'était pas important. Qu'il fallait mieux qu'elle aille voir les autres. Chloé ne se sentait pas lésé par ces parents. Loin de là. Elle voyait bien comment sa mère se mettait en quatre pour pouvoir leur accorder à tous un peut de temps. A vrai dire, sa mère c'était son modèle et si elle aimer à donner autant de coup de main, c'était aussi parce qu'elle avait l'impression de faire comme maman. Cela dit Abi réagit très vite à ce qu'elle lui avait dit. Chloé ne voyait pas ce qu'elle avait pu dire de mal. Elle pencha légèrement la tête.

«Non, mais si. Je peux me débrouiller toute seule moi tu sais. Je sais que tu nous aime tous pareil, mais ils ont plus besoin de toi pour le moment. Pis si tu veux, je peux faire les devoirs à Emilie, comme ça t'aura le temps pour Maya.»

Pour dire vrai, ce ne serait pas la première fois que Chloé ferait les leçons de sa soeur. Elles étaient vraiment l'opposée l'une de l'autre, et pour Emilie l'école c'était la galère. Biensûr Chloé se gardait bien de dire à ces parents que c'était elle qui avait fait les devoirs de sa soeur. Elle ne tenait pas à ce que son père lui cri dessus.

Regardant sa mère s'asseoir sur son lit, elle posa la serviette sur la chaise de son bureau, notant dans sa petite tête qu'elle devrait la ranger avant que son père passe par là. D'un pas peu assuré elle alla s'asseoir à côté de Abi. Si elle ne lui en avait pas parler c'était justement pour éviter d'avoir ce genre de discussion. Chloé n'aimait pas parler et encore moins ce confier. Peut importe l'interlocuteur à qui elle avait à faire. Elle regarda sa mère et se mordit légèrement la lèvre.

«C'est rien... C'est parce que il y avait un documentaire sur les châteaux forts tard dans la nuit et je me suis relevée quand vous dormiez tous pour le regarder...»

C'était certainement stupide, elle préférait mentir et se faire disputer que de parler vraiment du problème. Elle posa sa tête tout contre Abi. Ces yeux lui piquaient un peu, elle se les frotta doucement. La fatigue était encore là.

«Tu diras pas à papa hein? Ce sera notre secret à moi et toi.»

Chloé avait peur de son père, mais surtout elle lui en voulait en ce moment. C'était de sa faute à lui si Maya ne pouvait plus marcher aujourd'hui. Elle n'avait parler de ça à personne, mais chaque fois qu'elle pouvait éviter d'avoir à faire à lui cela l'arrangeait. Elle posa sa main sur la cuisse de sa mère, comme pour lui dire que c'était le moment idéal si Abi voulait lui faire un câlin.

Chloé avait la chance d'avoir des parents formidable. Sinon il n'aurait pas été dur pour ces frères et soeurs de vite abuser de sa bonne volonté. Ils savaient très bien que s'ils venaient lui demander quelque chose elle ne leur disait que très rarement non. C'était peut être sa façon à elle de s'intégrer un peu. Autant elle ne supportait pas que ces camarades de classe triche sur elle, autant cela ne l'embêtait pas de faire les devoirs de ces frères et soeurs. Sauf peut être ceux de Neal, c'était un peu trop compliqué pour elle. C'était donc tout naturellement qu'elle avait proposé à sa mère de faire les devoirs à Emilie pour qu'elle est plus de temps à accorder à Maya. C'était assez important pour Chloé que quelqu'un soit là pour sa petite soeur. Elle essayait de le faire elle, mais même en donnant le meilleure d'elle même elle n'arrivait pas à ce lier avec sa petite soeur et avoir la complicité qu'elle pouvait avoir avec sa jumelle. Et ça c'était une des choses qui l'empêchait de dormir la nuit. Mais visiblement Abi pensait qu'elle devait apprendre à se débrouiller toute seule.

«Tu sais maman, moi je vais travailler encore plus dur à l'école, et pis je vais devenir médecin des moelles épinières et je redonnerais ces jambes a Maya pis elle, elle deviendra championne de rugby.»

Emilie priait les fées et tout ce qu'elle pouvait pour que sa petite soeur retrouver ces jambes, Chloé elle misait sur la science. Biensûr elle n'était peut être pas tout à fait consciente qu'avant de devenir chercheuse en neurologie, des années passeraient, et peut être que quelqu'un d'autre trouverait une solution avant elle. Mais c'était tout ce qu'elle pouvait faire pour le moment, travailler dur à l'école. Et puis, si quelqu'un trouver avant elle, il était certain que ce quelqu'un deviendrait son héros. Après sa maman bien sûr.

Chloé était allé s'installer prés de sa mère sur le lit et posa sa tête sur l'épaule de sa mère. Elle avait sortit le premier mensonge qui lui était venu en tête. Ce n'était pas la reine du mensonge. Il était rare qu'elle utilise ce procédé. Elle n'avait rien à cacher la plupart du temps. Elle se rendit vite compte qu'elle n'était pas douée quand sa mère lui notifia qu'elle pourrait vite vérifier si elle disait la vérité ou non. Elle se mordit légèrement la lèvre et haussa doucement les épaules. Cela dit, ce qui l'inquiétait surtout c'était la possibilité qu'Abi en parle à Walter. Lui, il ne réagirait pas comme ça mère elle en était certaine. Il crierait, elle pleurerait et au finale elle ne dormirait pas plus qu'avant. La réponse de la rouquine ne lui plus qu'à moitié. Si elle voulait qu'elle garde ça pour elle, il fallait qu'elle lui dise pourquoi elle ne dormait pas. Cela dit, elle avait le droit à un câlin de sa mère et ça, cela lui faisait plaisir. Elle se recroquevilla légèrement sur elle même tout en se collant un peu plus à sa mère.

«Je veux pas que tu lui dit à papa. Sinon il va crier. Et j'aime pas quand il crie.»

Elle s'arrêta un instant, baissa la tête et se mordit légèrement la lèvre. Il y avait une question qu'elle voulait poser, mais elle n'osait pas trop. Elle releva doucement la tête, pas sûr d'elle.

«Tu crois que papa il nous aime un petit peu? Parce que je crois pas moi.»

Walter était dur avec ces enfants et Chloé n'arrivait pas à savoir si il les aimait ou non. C'était d'autant plus difficile maintenant qu'elle lui en voulait pour l'accident de Maya. Elle rebaissa la tête, comme si elle venait de dire une bêtise. Elle ne voulait pas blesser sa mère, mais elle avait aussi besoin de poser la question.

Devenir médecin était peut être un objectif ambitieux, mais Chloé était persuadée de pouvoir y réussir. Bien sûr cela demanderait du temps, mais elle y arriverait. Cela prendrait du temps et beaucoup de travail, mais cela ne lui faisait pas peur. Avant l'accident de Maya elle n'aurait peut être pas choisi cette voix. Elle se serait certainement tournée vers un métier en lien avec des livres. Mais malgré son amour pour les livres, son amour pour sa petite soeur était plus grand. Elle fut ravis de voir sa maman sourire lorsqu'elle lui avait dit. Elle ne pu s'empêcher de trouver le sourire de sa maman très joli. Elle nota toutefois la promesse qu'elle devait faire à sa maman. Ne pas oublier de s'amuser.

«Mais je m'amuse maman tu sais. C'est pas parce que je fait pas du bruit comme les autres que je m'amuse pas hein. Faut pas que tu t'en fais.»

Si il y avait une chose que Chloé aimait par dessus tout c'était bien d'avoir des câlins de sa maman. A vrai dire elle n'en demander pas beaucoup plus à ces parents. Même si c'était bien rare que sont père lui en face de la sorte. La situation était compliquée. Elle savait que sa mère attendait une réponse vis à vis de cette histoire, mais elle ne voulait pas la lui donner. En plus cela lui permettait de passer du temps avec Abi. Elle n'était pas vraiment égoïste et savait se faire discrète quand ces frères et soeurs accaparaient leur mère, mais elle aimait bien avoir ces petites moments privilégiés. Mais Abi disait qu'elle devait le dire à Walter si elle n'allait pas bien. Elle eu une légère moue qu'elle essaya de cacher au mieux.

«Je vais bien maman. Alors tu lui diras pas. J'étais juste un peu fatigué c'est rien de grave. Je t'assure.»

C'était faux. Elle n'allait pas si bien qu'elle voulait bien le dire, mais si cela voulait dire en parler à son père, alors elle allait bien. Parler n'était pas une des facultés dont avait été doté Chloé. Autant elle était à l'aise quand il fallait s'exprimer à l'écrit, autant à l'oral c'était bien trop difficile pour elle. Même avec ça mère cela lui était difficile. Elle prit toute fois son courage à deux mains et posa une question qui lui trottait dans la tête depuis un moment déjà. Elle avait du mal à comprendre pourquoi son père était aussi sévère et beaucoup moins câlin que sa maman. Et la seule explication plausible qui lui était venu à l'esprit c'était que Walter ne les aimait pas. Sa mère lui releva le menton, la forçant ainsi à la regarder. Elle ne détourna pas le regard mais elle était très mal à l'aise.

«Toi, tu nous le dis tout le temps et tu nous fais des câlins tout le temps. Pas lui. Lui il cri tout le temps et des fois pour un rien. Je crois que je l'ai jamais entendu nous dire qu'il nous aimait, mais c'est peut être ma faute, parce que je suis tout le temps toute seule...»

Oui après tout c'était peut être sa faute à elle. Peut être que si elle passait plus de temps avec ces frères et soeurs, qu'elle faisait plus de bêtises sont père lui montrerait plus qu'il l'aime. Elle pensait qu'il fallait mieux être gentille, mais peut être qu'elle se trompait. Peut être que la bonne façon de faire c'était de faire des bêtises et beaucoup de bruit.

Chloé avait sa façon bien à elle de s'amuser. Faire un puzzle, dessiner ou lire un livre était pour elle des choses amusantes. Elle aimait beaucoup jouer avec sa panoplie du petit chimiste aussi. Bien que ces frères et soeurs n'aient pas les même centres d'intérêt en ce qu'il s'agissait de s'amuser, elle faisait aussi l'effort de jouer avec eux. Certainement pour paraître plus "normal". Car elle se rendait bien compte qu'elle n'était pas comme les autres enfants, ça l'embêtait un peu, mais elle ne savait pas comment faire pour être comme eux. Elle ne pouvait pas. Elle donna à son sourire à sa maman quand elle lui dit qu'elle avait confiance. Abi pouvait, un promesse est une promesse, surtout quand elle est faite à sa maman. Désireuse de quand même rassurer totalement sa maman, Chloé eu une idée.

«Tu sais, y a un concours d'orthographe à l'école, je pourrais peut être mis inscrire, pour m'amuser.»

D'accord ce n'était certainement pas l'activité qu'un gamin de 9 ans aurait choisi en premier pour s'amuser. Mais même avec tout l'effort du monde on ne peut pas se refaire. Chloé se disait surtout que si elle emmenait sa mère sur une autre discussion, elle en oublierait la principale. Malheureusement cela ne marchait pas et Abi revenait toujours à la charge. La vérité c'était que plusieurs chose tracassait la petite fille. Premièrement ce qu'elle ressentait pour son père depuis l'accident. Ensuite il y avait l'état de Maya et le temps qu'elle lui accordait de plus en plus sans vraiment réussir à ce lier à elle. Il y avait aussi la culpabilité qu'elle ressentait vis à vis d'Emilie à passer plus de temps avec Maya. Elle commençait aussi à se rendre compte qu'elle n'était pas comme les autres enfants. Cela la perturbait cela dit moins que le reste. Si les gens ne l'aimait pas comme elle était cela lui était égal. De toute façon, elle, les gens elle ne les aimait pas beaucoup, peut importe comment ils étaient. Cela dit elle n'était pas prête à en parler. Et puis si elle avouait ça à sa maman elle lui ferait peut être du mal et elle en parlerait à Walter c'était certain. Elle ne voulait pas leur causé plus de tracas qu'ils n'en avaient déjà à devoir s'adapter à la nouvelle situation de Maya.

Elle posa quand même une question fatidique à sa mère. Elle fut rassurer de savoir que ce n'était pas de sa faute, qu'elle ne devait pas être coupable. Elle ne doutait pas des paroles de sa maman. Une maman comme Abi ça ne ment pas elle en était persuadée. Pourtant au fond d'elle, elle aurait préféré que son père ne l'aime pas. Cela aurait fait moins mal de lui en vouloir autant d'avoir bousculé leur vie à tous. Elle se mordit la langue assez fort, pour que la douleur physique fasse taire celle de son coeur. Walter les aimait, alors elle était une mauvaise fille de lui en vouloir. Elle s'arrêta quand elle eu un léger goût de sang dans la bouche. Elle regarda sa mère puis son bureau où était encore poser son cahier de math avant de regarder le sol. Elle voulait sortir de cette discussion, mais elle était bien dans les bras de sa mère et ne voulait pas que ce moment s'arrête, elle était donc coincée.

«Je sais pas dire maman, les choses qu'il y a là. Je suis comme papa en faite, sauf que moi c'est pour tout.»

En prononçant le "là" elle posa sa main sur son coeur. Elle était comme Walter au fond, incapable d'exprimer ces sentiments. Et pas forcément que l'amour qu'elle pouvait ressentir, mais tous les autres aussi. Finalement elle était peut être handicapée elle aussi, handicapée des sentiments.

Un concours d'orthographe voilà ce qui amuserait Chloé. Il y avait la Lisa de Springfield et la Chloé de Sydney. Elle fut soulagée de voir que cela fit sourire sa mère. Dans une si grande famille il fallait trouver le petit quelque chose qui vous distingue des autres. Pour Chloé c'était certainement son intelligence, même si Maya lui faisait un peu d'ombre de ce côté, et son calme. C'est avec un vrai sourire que Chloé accueillit la proposition de sa mère. Ca pour râler, elle râlerait Emilie si elles l'inscrivaient au concours.

«Oh oui! Et je l'obligera à s'entraîner avec moi tous les soirs.»

Elle se doutait bien que sa soeur n'accepterait jamais de participer à un tel concours, mais l'espoir fait vivre dit-on. Et ce serait une occasion de passer du temps toutes les deux. Bien sûr c'était un espoir vain, mais cela avait l'avantage de donner le sourire à la petite.

Mais la petite avait autre chose en tête que de s'amuser. Ces derniers temps elle dormait mal et cela c'était retourné contre elle lorsqu'elle c'était endormie en classe. Maintenant sa maman voulait des explications. Elle n'avoua pas pourquoi, mais elle osa se confier un peu à sa maman, osant lui demander si Walter les aimait. La réponse lui fit finalement plus de mal que de bien, mais elle ne l'avoua pas à sa mère. Peut être que quand Maya irait mieux et qu'ils auraient tous surmonté ça elle oserait en parler, pour le moment elle s'effaçait. Abi lui expliqua que Walter les aimait, qu'il ne savait juste pas leur montrer. Chloé compris vite que son père et elle étaient pareil finalement. Abi lui expliqua toute fois qu'il n'était pas bon de toute garder en soi. Chloé avait du mal à ce faire à cette idée. Après tout, elle avait toujours tout gardé en elle et jusque là elle ne s'en sortait pas si mal. Cette fois elle avait juste besoin d'un peu de temps pour que la douleur passe et ensuite elle redeviendrait la petite fille attentive en cour qu'elle avait toujours été. Elle écouta l'idée de sa maman. Un journal intime. Cela semblait une bonne idée en soit, mais Chloé ne le voyait pas comme ça.

«Bah tu sais, le journal, c'est comme si je disais à moi, et ça je peux déjà le faire dans ma tête. Et si c'est écrit et que quelqu'un le trouve et le lit, bah il saura tout. Et ça je veux pas.»

Chloé était une petite fille un peu sauvage, elle n'accordait pas tellement sa confiance. Alors l'idée que quelqu'un puisse tomber sur son journal et lire tout ce qu'elle pouvait y mettre c'était impensable pour elle. Dans sa tête tout était en sécurité. Personne ne pouvait y trouver quoi que ce soit sans qu'elle ne le sache. Elle n'était d'autant pas rassurée qu'elle savait que si ces frères et soeurs tombaient dessus ils ne se gêneraient pas de le lire. Non définitivement, ces informations là étaient bien mieux en sécurité dans sa tête.

L'idée de faire participer Emilie au concours d'orthographe avait fait sourire Chloé. Jamais sa soeur n'accepterait de participer à ce genre d'activité c'était certain. Pourtant Chloé ce serait fait un véritable plaisir de l'aider à réviser tous les soirs pour qu'elle réussisse toutes les deux. Malheureusement Emilie ne ferait pas cet effort, même pour sa jumelle, elle en était certaine. Mais elle pourrait tout de même lui en toucher deux mots. elle sourit de nouveau en entendant la réponse de sa mère. Elle avait bien raison, Emilie allait sauté de joie. Ironiquement parlant bien sûr.

Elle était bien là, dans les bras de sa mère, pourtant la discussion était plutôt douloureuse pour la petite fille. Quand il s'agissait de parler de ce qu'elle ressentait, c'était toujours douloureux pour elle. Mais voir sa mère insister et lui demander de lui parler, cela lui faisait tout autant mal. Elle était consciente que tant qu'elle n'aurait rien dit, Abi se ferait du soucis pour elle. Mais elle savait aussi que si elle en parlait cela risquerait de faire mal à sa maman aussi. L'idée du journal n'était pas idiote, mais Chloé n'avait pas suffisamment confiance en ces frères et soeurs pour accepter de tout noter, de laisser une preuve écrite de ces sentiments. Elle écouta Abi défendre cette idée et celle qu'il était nécessaire pour la petite fille de parler. De ce confier à quelqu'un. Elle regarda sa maman un long moment. Torturée entre l'envie de lui dire et la retenue habituelle dont elle faisait preuve. Si il y avait une personne en qui elle avait confiance c'était bien Abi. Mais Chloé ne voulait pas qu'elle en parle à Walter et ça, ce n'était pas quelque chose que Chloé pouvait envisager.

Elle envisagea en effet d'écrire une lettre à sa mère. Cela l'embêtait toute fois. Elle avait une bonne relation avec Abi, elle ne voulait pas gâcher ça juste parce qu'elle n'était pas à l'aise quand il s'agissait de s'exprimer. Elle joua doucement avec les mèches de cheveux de sa maman.

«Comment c'est possible d'aimer quelqu'un fort, mais de lui en vouloir fort aussi?»

Elle avait finalement opter pour la discussion. De façon assez impersonnel certes, mais c'était toujours mieux que rien du tout. Elle détourna toute fois le regard de sa mère, comme coupable d'oser enfin parler.

Cela n'avait pas été simple, il avait fallut à Abi, faire preuve de patience, mais Chloé c'était finalement décidée à lui parler. Bon, ce n'était toujours pas très claire. Sa question restait assez vague. Du moins n'évoquait pas la personne à qui elle faisait référence. Elle jouait négligemment avec les cheveux de sa maman, mais se refusait à la regarder. Elle savait pourtant qu'elle pouvait tout dire à Abi, elle avait confiance en sa maman. Mais cela ne voulait pas dire que cela simplifiait les choses pour elle. Avoir confiance cela ne fait pas tout quand on n'est pas douée pour s'exprimer sur ces sentiments. Oui, parce que autrement, Chloé se débrouillait plutôt bien. Elle n'aimait pas ça, c'était un fait, sa timidité l'empêchait de prendre la parole en classe. Mais lorsqu'il fallait présenter un exposer noté, elle s'en sortait toujours bien. Tant qu'il s'agissait d'énumérer des faits qui n'avaient pas de rapports avec ces sentiments, ce n'était pas un problème. Elle osa relever les yeux vers sa mère quand celle-ci lui répondit, calmement. La réponse l'intéressait vraiment. Elle voulait savoir, elle voulait comprendre. Ce qu'elle ressentait ce n'était pas normal. Malgré qu'elle était en capacité de comprendre beaucoup de chose, elle avait du mal à comprendre ce que sa maman lui racontait. Tout ça ce n'était pas très scientifique. Comment était-il possible de ressentir deux choses à la fois, cela ne lui semblait pas du tout logique. L'eau ne peut pas être à l'état liquide et gazeux en même temps. Elle inclina la tête et fronça doucement les sourcils, signe de réflexion.

«Bah, j'y comprend rien à ces fichus sentiments. Ce serait mieux de pas en avoir du tout, ça serait plus simple je pense.»

C'est comme ça qu'elle le voyait. Sans ces fichus sentiments, la vie serait plus simple. Certainement plus morose, mais ça elle n'y pensait pas vraiment. Il y aurait toujours un livre à lire, une énigme à résoudre. Sans ces sentiments, son père ne se serait pas énervé contre Maya, et elle ne serait pas cloué dans cette chaise roulante. A bien y réfléchir, les sentiments ça craint.

«Tu crois qu'on pourrait les faire disparaître, pour toujours? Comme ça ils feront plus de mal.»

Ne plus avoir mal, voilà ce qu'elle souhaitait plus que tout. Ne plus ressentir cette rancoeur mêlée à l'amour qu'elle avait pour son père. Mais Abi crue que c'était à Maya qu'elle en voulait. Elle faisait fausse route. Elle redressa la tête et jeta un regard furtif vers la porte, comme si elle avait peur que quelqu'un entre.

«Non, pas Maya. C'est pas ça faute à elle... Et c'est normal que tu passe plus de temps avec elle, elle en a besoin. C'est pas ça faute à elle...»

Elle avait envie de crier que c'était celle de Walter. Mais elle faisait encore une fois preuve de toute la retenue qui était sienne. A telle point qu'elle n'en parla pas. C'était trop difficile d'avouer à sa mère que celui qu'elle blâmait pour tout ça n'était autre que Walter. Elle se sentit incapable d'aller plus loin, d'avouer toute la vérité. Elle se dégagea à contre coeur des bras de sa mère.

«Je devrais me remettre à mes devoirs...Et si tu surveille pas Emilie elle va pas faire les siens.»

Encore une fois elle essayait de se débarrasser d'Abi, parce que la discussion atteignait un point qu'elle ne se sentait pas capable de dépasser. Pourtant son regard était triste, fatigué et au fond, elle ne demandait que ça de pouvoir en parler, voir même d'accepter de laisser ces larmes couler.

Ne plus avoir mal. C'était tout ce que Chloé demandait. Ne plus avoir ces fichus sentiments qui venait tout chambouler dans sa vie. Elle avait toujours eu un peu de mal avec ça, mais depuis l'accident de Maya c'était pire. Le problème était certainement qu'elle n'en parlait pas, du coup elle n'évacuait pas tout ce qu'il y avait en elle. Même si elle ne s'en rendait pas forcement compte tout de suite, parler, même si peu, avec Abi l'aidait. Elle mettait des mots sur ce qu'elle ressentait en ce moment. Du moins sur ce qu'elle ressentait pour son père. Mais elle voulait se débarrasser de ces fichus sentiments. Elle était persuadé que cela réglerait bon nombre de leur problème à tous. Malheureusement elle n'avait pas la clef pour les faire disparaître pour toujours. Elle entendit bien ce que sa mère lui dit après qu'elle ai avouer vouloir ce débarrasser de ce parasite. Elle ne comprenait pas trop pourquoi ce serait triste.

«Pourquoi se serait triste? On pourrait toujours faire des puzzle, des maths, résoudre des énigmes tout ça. Pis, on serait pas tous pareil tu sais, il y aurait ceux qui sont fort en énigme et les autres. Mais surtout on aura plus mal.»

Elle ne comprenait pas pourquoi c'était si important les sentiments, elle ne voyait que leur mauvais côté. Elle ne voyait pas non plus le problème d'être pareil que tout le monde. Cela simplifierait les choses elle en était sûre. Elle ne serait plus prise pour une folle parce qu'elle passe son temps toute seule, le plus souvent à étudier, ou bien encore à aider sa maman dans les tâche ménagère. Elle ne pensait pas vraiment au fait que si elle n'avait plus de sentiment, elle n'aurait pas cette relation avec sa mère, ou encore avec Emilie.

Après avoir assuré à sa mère qu'elle n'en voulait pas à sa petite soeur, que ce n'était pas sa faute à elle, elle sentit qu'elle avait été trop loin. Qu'elle en avait déjà trop dit. Qu'elle ne pourrait pas continuer. Mais alors qu'elle se dégageait des bras d'Abi, celle-ci lui attrapa la main. Chloé la regarda un peu surprise. Mais elle ne serait pas attendu une seule seconde à ce qu'Abi lui avoue en vouloir aussi à Walter. Elle s'imaginait pas que sa maman puisse être en colère contre son papa. Elle ne s'en était pas rendue compte, mais des larmes avaient coulé le long de ces joues. Elle était soulagée de voir qu'elle n'était pas la seule. Elle se sentit libérée d'une certaine façon.

«Pourquoi il a crier hein? Pourquoi il l'a interdit de Rugby? Elle avait rien fait de mal Maya. Il l'a même pas surveillé. J'le déteste!»

Chloé c'était lâchée. Elle n'avait pas parler là. Non elle avait crier, tout en laissant couler ces larmes. Abi ne l'avait certainement jamais vu comme ça. Chloé était loin d'être le genre de petite fille à ce mettre à crier de la sorte. Encore moins à dire qu'elle déteste son père. D'autant plus que ce n'était pas vrai. Elle l'aimait. Mais les choses étaient compliqué et elle n'avait trouvé que ce mot sur le moment et sur le coup de la colère. Ces larmes coulaient toujours, mais elle n'osait pas retourner dans les bras de sa mère.

Finalement, Abi avait peut être raison, sans sentiments, les choses seraient bien triste. Pour rien au monde Chloé voulait sacrifier sa relation avec Emilie ou encore avec Abi. Ce n'était pas parce qu'elle était celle qui se liait le moins qu'elle ne tenait pas aux gens avec qui elle c'était lié. Ce serait triste, ennuyant oui. Est-ce que cela valait la peine de souffrir de la sorte, elle n'en était pas certaine. Mais de toute façon elle n'avait pas le choix. Elle se résigna donc.

Chloé avait finalement craché le morceau. Abigaïl avait compris de qui elle parlait et avait avoué que elle aussi en voulait à Walter. Chloé avait donc fini par crier ce qui lui faisait tant mal. Elle avait aussi laissé couler les larmes qu'elle retenait depuis un moment. Elle se laissa faire lorsque sa mère la ramena contre elle. Elle se blottit contre la rouquine et essaya d'étouffer ces sanglots. Elle faisait tout son possible pour que ces larmes arrêtent de couler, mais elle les retenait depuis le début et maintenant qu'elles avaient décidé de ne plus s'arrêter. Elle savait bien que ce que disait sa mère était vrai. Que Walter n'avait jamais voulu faire de mal à Maya. Que c'était un accident. Mais si il avait fait attention, si il avait refoulé sa colère, alors Maya n'aurait pas eu cet accident. Elle releva doucement la tête.

«Il sait bien cacher qu'il nous aime alors pourquoi ne pas cacher sa colère hein?»

C'était possible, elle le savait. Elle même le faisait souvent. Elle comprenait que parfois ce n'était pas possible, mais Walter s'énervait tout le temps, il ne contrôlait jamais sa colère. Mais Chloé s'en voulait vraiment de penser et ressentir tout ça.

«Pardon maman, je devrais pas sentir ça. Tu lui diras pas hein? Tu jure?»

Chloé refusait catégoriquement que son père soit mit au courant de tout ça. C'était déjà difficile pour elle de se retrouver avec lui, mais si en plus il savait ce serait pire. Elle ne voulait pas qu'il lui crie dessus à elle aussi. Non, il fallait que Abi Garde ça secret. Sinon plus jamais elle ne se confierait à sa mère c'était certain.

Chloé était soulagée de savoir que tout ce qui venait de ce passer dans cette chambre resterait entre Abigaïl et elle. Même si pour cela elle avait du promettre de parler à Abi quand cela n'irait pas. Toute fois, Chloé ne se débrouillait pas trop mal pour cacher quand les choses n'allaient pas, elle se contenterait donc d'aller parler à Abi de chose un peu futiles, histoire de lui montrer qu'elle tenait la part du marcher. Mais ce ne serait certainement pas de si tôt que Chloé reparlerait de chose aussi sérieuse que là. Mais ce qui l'inquiétait le plus à l'instant présent c'était son cahier de Math. En effet elle c'était séparé de sa mère et était aller voir les dégâts qu'elle avait causé. Si certain n'en aurait rien eu à faire, cela inquiétait Chloé. A vrai dire elle appréhendait un peu de se retrouver de nouveau avec un mot de la maîtresse. Non, une fois cela lui avait suffit, plus jamais elle n'en aurait. Mais heureusement Abigaïl avait la réponse à tout. Chloé prit cependant un air faussement choqué.

«Mais maman, c'est pas beau de mentir!»

Chloé aurait certainement été douée pour mentir, d'ailleurs c'était une experte du mensonge par omission puisqu'elle ne disait jamais rien. Oui elle aurait certainement été douée si elle avait ressentit la nécessité de mentir. Les rares fois où cela lui arrivait c'était quand elle s'accusait elle même d'une bêtise à la place de ces frères et soeurs. Elle cligna rapidement des yeux pour les réhumidifier car ils commençaient à la piquer.

«Ta maman elle mentais pour toi aussi?»

Elle avait un peu hésité à poser la question. Elle ne savait pas grand chose de ces grands parents et n'était pas du genre à poser des questions de peur d'ennuyer sa maman. Mais après tout elle venait de se confier à elle, peut être qu'Abi ne serait donc pas fâchée que cela soit à elle de parler un peu aussi.